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BAR

les mots de barrière, barrage, & autres. Prothyrum.

D’autres croient que barre signifioit autrefois toute sorte de tributs, principalement ceux qui se payoient aux barres & portes des villes & bourgs. Vectigal ad portas urbis pendi solitum.

Barre-fort, s. m. On nomme ainsi à Bourdeaux les grosses pièces de bois qui se tirent du pin, comme les poutres, les sablières, les solives, &c.

Barre, dans l’écriture, est une ligne qu’on tire avec la plume. Linea. On s’en sert pour marquer la fin d’un article, d’un chapitre, d’un traité, & pour les distinguer les uns des autres. On s’en sert aussi pour rayer quelques parties d’un acte, en passant la barre ou la plume par-dessus ou de travers. Quand en écrivant on fait une barre sous quelques lignes, ou quelques mots, cela signifie ordinairement que ce qui est ainsi marqué d’une barre est cité ; & cela avertit les Imprimeurs qu’il faut imprimer ces choses-là d’un caractère différent de celui qu’on emploie pour le reste.

Barre. En termes de Ceinturier, la barre est une bande de cuir, ou autre étoffe, qui va diagonalement du bout du ceinturon d’épée jusqu’aux pendans, auxquels il est attaché, afin de les tenir de manière qu’ils ne puissent aller ni à droite, ni à gauche.

Barre dans le commerce. Mesure étendue dont on se sert en Espagne pour mesurer les étoffes, ainsi que l’on fait de l’aune en France. Il y a trois sortes de barres : celle de Valence, celle de Castille & d’Arragon.

Barre, se dit aussi des choses mesurées avec la barre. Une barre de serges, deux barres de taffetas.

On appelle barres, en termes de Couverturier, ces deux raies de laine bleue, qui sont aux deux bouts de la couverture, & qui n’y servent que d’ornement.

Barre de panier. Terme de Vanier. Bâton ou cerceau sous le fond du panier.

Barre, se dit aussi en termes d’Agriculture. Planter une vigne à la barre, ou à la fiche ; c’est la planter en fichant le sarment dans un trou. Pali in morem.

Barre. Terme de facteur de Clavecins. C’est un morceau de bois de la longueur du registre de l’épinette ou du clavecin, raboté, drapé, & enjolivé d’ordinaire de petites fleurs, posé au-dessus des sautereaux, & attaché à l’assemblage de l’épinette ou du clavecin, pour empêcher que les sautereaux ne sortent de leurs mortoises. Asserculus. Poser la barre, lever ou ôter la barre de l’épinette.

Barre, se dit aussi parmi les Cochers & les Postillons, pour signifier la perche qu’on attache d’espace en espace aux piliers des écuries, pour empêcher que les chevaux ne s’approchent & ne se battent.

Barre, en termes de Tonnelier. Se dit de la pièce d’un tonneau qui traverse le fond par le milieu. Asserculus transversum dolii fundum dividens.

Barre, en termes de Blason, est une des pièces honorables de l’Ecu, qui divise l’Ecu en deux parties d’angle en angle, à commencer par le côté gauche d’en-haut, en tirant du côté droit. Tænia diagonalis à sinistra ad dextram ducta & tertiam scuti partem occupans. Elle sert communément pour les bâtards, aussi bien que le bâton ou filet mis en contrebande. Quand le bâton ne touche pas les bords de l’Ecu, on l’appelle péri-en-barre. De-là vient qu’on dit en proverbe, quand on veut taxer quelqu’un de bâtardise, qu’il est du côté gauche ou de contrebande. On dit aussi barré d’or ou de gueules à cinq, ou huit pièces, &c. quand l’Ecu, ou les pièces sont couvertes de barres qui traversent l’Ecu diagonalement de gauche à droite. Les bandes, les barres, les fasces représentent les écharpes que les Dames donnoient aux Chevaliers dans les Tournois.

On appelle la barre de la Cour, le lieu où se placent quelques Conseillers commis pour faire quelques instructions de procès, & les adjudications par décret. Curiæ repagula. Il y avoit autrefois une grande barre de fer à la porte de la Grand’Chambre, sur laquelle se venoient appuyer les Conseillers pour recevoir les requêtes des parties : ce qu’on a appelé depuis instructions & instances à la barre. Voyez Imbert en sa Pratique. On appeloit autrefois barres, les exceptions & fins de non-recevoir, que les défendeurs proposoient dès le commencement de l’instance ; ce que Du Cange prouve par de vieux titres ; & il dit qu’on les appeloit ainsi, parce qu’elles étoient comme des barres pour empêcher les plaideurs d’aller plus avant. L’Ordonnance de 1667 a abrogé les procèdures qui se faisoient à la barre, qui s’appeloient défauts aux Ordonnances.

On distingue trois sortes de barres. 1.o Les fins déclinatoires, qui sont proposées par le défendeur à l’effet de décliner la Justice, & d’être renvoyé devant son Juge naturel. 2.o Les fins dilatoires, qui sont les fins de non recevoir résultantes de la prescription, ou autre cause. 3.o Les fins péremptoires, qui sont mises en avant par le défendeur, à l’effet de montrer au fond que le demandeur est mal fondé en son action. Chaline. Qui de barres se veut aider, doit commencer aux déclinatoires, pour venir aux dilatoires, & finalement aux péremptoires : & si la dernière met devant, ne s’aidera des premières. Loisel. Ces Auteurs ont écrit avant l’Ordonnance de 1667, & peuvent servir à entendre l’ancienne jurisprudence.

On fait l’adjudication des Offices à la barre de la Cour. Elle se tient à Paris à la porte de la Grand’Chambre. Autrefois c’étoit au bareau ou barrière qui ferme le parquet, d’où elle a pris son nom. La Barre des Requêtes du Palais s’appelle encore aujourd’hui Parquet, & c’est là où se font les instructions des affaires.

Barre, se dit encore de quelques Juridictions subalternes. Jurisdictio civilis. La Barre du Chapitre Notre-Dame, c’est la Juridiction temporelle du Chapitre de Paris.

Barre, terme d’Escrime. On appelle dans les salles d’armes un fleuret qui a été rompu par le bout, & auquel on a fait remettre un bouton, une barre, parce qu’elle est plus roide qu’un fleuret qui a toute sa longueur, Gladius præpilatus decurtatus.

On appelle sur la Seine la barre, un certain flot particulier à cette rivière, qui est environ de deux pieds de haut, qui vient impétueusement avec le flux de la mer, & qui est fort dangereux pour les bateaux. Fluctus decumanus. On peut l’appeler de cette manière par analogie à ce dixième flot de la mer si formidable chez les Poëtes, & qui n’étoit à craindre que par sa grandeur. Il y en a un pareil sur la Garonne & sur la Dordogne, qu’on appelle le masquaret. C’est le même flux de la mer, que ceux du pays nomment la barre, parce qu’il s’éleve sur la surface de la Seine en forme de barre, qu’on voit bien sensiblement passer à Quilbeuf, à Vilquier, à Caudebec, à la Mailleraye, & à Jumiège, & qui en remontant fait aussi remonter les eaux de la Seine environ quarante lieues, deux fois le jour, depuis le Havre de Grace jusqu’au pont de l’Arche, quoiqu’il n’y ait guère plus de vingt lieues de trajet par terre. Corn.

Barre, ou barre sacrée. Terme de Mythologie. C’étoit chez les Egyptiens un instrument de bois en forme de cassette partagée par deux sceptres posés en sautoir. Ils s’en servoient pour leurs sacrifices, & pour leurs divinations. Kirker Obelic. Pamph. & Ædip. Ægypt. T. III, p. 358.

Barre, s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe qui est rouge, colombin clair & blanc.

Barres, au pl. se dit d’un jeu ou course dans de certaines limites, où les deux partis se placent toujours en des lieux opposés ☞ pour courir les uns contre les autres. Celui qui est pris par son adversaire, demeure prisonnier, jusqu’à ce qu’il soit délivré par quelqu’un de son parti. Les enfans jouent aux barres pour s’échauffer. Decursio palæstrica.

☞ Jouer aux barres. Expression figurée, mais familière, qui s’applique à deux personnages qui se cherchent sans se trouver, ou qui remportent tour à tour quelque avantage l’un sur l’autre. Avoir barres sur quelqu’un, c’est avoir quelque avantage sur lui, avoir plus de pouvoir, être en état de lui rendre de mauvais offices. Partir de barres, partir sur le champ.

Barre, s’est dit autrefois d’une sorte de jeu où l’on s’exerçoit autrefois dans un espace fermé de barrières. C’etoit un exercice militaire, où celui qui lançoit ou